Elixence est parti voguer ailleurs, et sous un autre nom. J'ai fait ce choix après beaucoup d'hésitations pour quitter mon vieux compagnon. Mais il est dans le bonnes mains qui continueront de le faire vivre, je pense et j'espère avec autant de plaisir que j'en ai eu avec ce sympathique voilier qui ne m'a jamais déçu. Si la peinture et la poésie restent ici, la page navigation s'ouvrira désormais sur le blog de Nomade mon nouveau voilier.


http://dom-nomade.blogspot.fr/

Rengaine

L'océan s'échine à gonfler mes voiles,

Et j'écoute sa rengaine inlassablement.

Vaguement admiratif de sa constance

A vouloir nous secouer, mon voilier et moi,

Dans le shaker de ses incomparables cocktails

Faits de liqueurs salées, d'extases crépusculaires

Et de cathédrales d'étoiles lactescentes.

Comme lorsque l'on descend avec religiosité

Dans ces caves où l'on tient en réserve

Quelques bons crus pour les grandes occasions,

Je rejoins tout au fond de mes atermoiements

Les subtils mélanges de rêves éveillés

Et de souvenirs inachevés,

Bonifiés par le tanin de l'appel du large.

Quand l'appel du large se réveille

Il me reste peu d'instants de sérénité véritable

Et le temps s'écoule en hoquetant, comme les jours

Qui précèdent un événement improbable.

Dans ces moments là je bêle comme un mouton égaré

Dans le labyrinthe des contraintes quotidiennes.

L'océan s'échine à gonfler mes voiles

Restant encore trop près des côtes, auto-censuré de l'envol,

Prisonnier de la con quête qui envahit la platitude

De mes journées de petit soldat besogneux

D'une industrie décervelée

Je dois tenir, mes mains parfois collées sur la tête

Pour me boucher les oreilles et tenter d'oublier

Pendant encore quelque temps les inepties alentours

Ne pas devenir fou de rage ou bien de désespoir

Me persuader que je rejoindrai bientôt le quai

Intact et encore empli de toutes mes envies,

Délivré de mes craintes infantiles

Et désireux de rejoindre les senteurs caraïbes

Dans la tiédeur des alizés atlantiques

Enfin libéré

Un départ

Il y eut ce reflet sur l'eau de mes pensées

Et la mer et les cieux s'unirent à l'horizon

Un voilier m'emporta vers des nuits étoilées

Où les vagues et les vents chantaient à l'unisson

Tous ces appels froissés sur la peau des désirs

Éveillent maintenant dans les matins de brumes

Les envies de chercher au fond des souvenirs

Les rémanences bleues et les parfums d'écume

J'aurais eu à parier qu'il en serait ainsi

Je n'aurais pas misé sur le moindre kopek

Je n'aurais jamais cru ce que devient ma vie

Je me voyais rester tout comme un pauvre mec

Dans les caves voutées de ma vie impassible

Je vidais des flacons de projets oubliés

Enivré des liqueurs de soleils impossibles

Sous la trame des jours le temps se déployait

J'ai appris dans les vents à dépasser mes rêves

Et les cartes marines m'ont tissé des jours

Aux splendeurs océanes qui ignorent les trêves

Et les renoncements n'auront plus jamais cours

Les doutes dissipés et les peurs enfouies

Je décrochai l'amarre qui me retenait

Puis je criai au vent lorsque je suis parti

Et déjà ma grand voile aux risées se gonflait

 

Hivernage

Novembre est de retour et le vent s'époumone

Les voiles sont rangées et les îles s'éloignent

Dans les cotons des brumes il est des souvenirs

Qui attisent le feu des envies de partir

Le regard est lointain et se perd dans les flammes

Et je revis encore le mouvement des lames

Les jaillissements d'eau autour de mon étrave

L'apparition des îles et leurs parfums suaves

C'est la brise glacée qui siffle dans les mâts

Dans le port silencieux au milieu des frimas

Et les mouettes s'ennuient au bord des quais mouillés

Ou de vagues passants semblent attendre l'été

Décembre est déjà là à l'affût des tempêtes

Les houles grondent au loin leurs panaches s'entêtent

A monter à l'assaut de la côte sauvage

Comme une antique guerre héritée d'un autre âge

Janvier n'est plus très loin il pourra accueillir

Les bernaches migrantes qui vont revenir

Peupler les fond des anses de la petite mer

Ou nous irons marcher dans les douces lumières

Février sera l'aube d'une renaissance

Où le froid de l'hiver s'éloigne avec aisance

Nous oublierons bientôt les blanches matinées

Le temps sera venu de tout imaginer

Mars nous apportera les premiers rayons chauds

Les moments attendus où l'on sort les bateaux

Reluisant leurs carènes en rêvant de voyages

De nos nouveaux projets nous tournerons les pages

Voiles et Toiles

Une marée s'achève et mon cœur met les voiles

Vers des îles lointaines au fond des rêves bleus

Une clarté de lune s'éveille sur la toile

Où mes pinceaux découvrent un pays peu à peu

Les beautés enfouies apparaissent aux détours

Des huiles essentielles parfumant mes appels

Je voyage en silence de paisibles parcours

Et je cueille au passage des bonheurs sans pareils

La clémence d'un ciel se fait bleu manganèse

Tenté parfois de cramoisi d'alizarine

Et des blancs de titane des nuages qui s'apaisent

Me font déjà sentir une brise marine

De quelques pincées claires en accents circonflexes

Un vol de goélands s'en va vers l'horizon

Quelques mâts de bateaux s'exclament comme un texte

Une histoire commence avec ses ponctuations

Chaque toile est ainsi un voyage immobile

Tout comme l'appel du large m'invite à naviguer

Je vogue en mes tableaux comme un marin tranquille

Je suis un passager dans le temps arrêté.

Premiers travaux de saison pré-hivernale

ça y est, Elixence est prêt, voiles rangées au sec, moteur hiverné, pour affronter l'hiver qui s'approche.
Les pinceaux sont ressortis, c'est la saison peinture qui commence.

Pour ce premier tableau, j'ai choisi l'inspiration que procure cette petite plage comme on en trouve plusieurs le long de la côte de Belle-Ile-en-mer: après avoir mouillé dans l'avant port de Sauzon, on part en ballade à pied le long du sentier. Celle-ci se trouve en partant de l'autre rive en face du village.
Le ciel et son ambiance de couleurs est totalement imaginaire

Video - Obsession et Elixence bord à bord
Croisière solo (chacun sur son bateau)- 3 jours en mi-octobre 2011